Pascal Lannette, Président Derichebourg Aeronautics Services
Gonzales Moyano Pablo, Directeur Derichebourg Aeronautics Services IBERICA
Etiez-vous déjà monté sur le podium lors des précédentes cérémonies des Bisons d'Or ?
Pascal : Oui, nous sommes montés sur le podium chaque année, mais pas nécessairement pour la meilleure performance. Je reste humble face à ces distinctions. Cette cérémonie est avant tout un moment de cohésion, c’est aussi une compétition sur la performance. Ce n’est pas tabou pour moi et j'y adhère totalement.
En tant qu’habitués du podium, avez-vous été surpris de recevoir un Bison cette année ?
Pascal : Je m’attendais à ce que nous soyons sur le podium, mais pas forcément à la première place. La compétition est de plus en plus intense, car l’environnement évolue. Le groupe c’est aujourd’hui plusieurs milliards d’euros de chiffre d’affaires et des dizaines de filiales. Nous sommes donc heureux de cette reconnaissance. Être nommés, oui, avoir le César, c’était autre chose.
Pablo : Personnellement, je ne m’attendais pas du tout à ce trophée. Une vraie surprise.
Quels ingrédients vous ont permis de monter sur la première marche du podium ? Est-ce une performance construite dans la durée ?
Pascal : Nous venons tous d’industries différentes, et nos entreprises ne sont pas au même stade de leur développement. Je ne suis pas en compétition avec Pablo, qui dirige une filiale. Nous célébrons notre 26ᵉ année d’activité. Nous sommes sur un cycle de maturité, avec des fondations solides. Nous connaissons bien nos marchés et bénéficions d’une stabilité actionnariale permettant notre développement. Nous capitalisons sur nos performances (métiers, CA et rentabilité), la sécurité humaine et le recouvrement. Cependant, pour durer, il faut savoir se remettre en question. Être performant, ce n’est pas seulement gagner, c’est aussi savoir tenir sur la durée. Parfois, il faut sacrifier une part de rentabilité pour viser le développement à moyen terme. La clé, c’est l’engagement, une équipe offensive et des collaborateurs fidèles, présents depuis longtemps, garants de la pérennité.
Pablo : Nous avons trois générations d’expertise dans l’aéronautique. Nous sommes sur des cycles industriels longs, avec des compétences rares et techniques, ce qui favorise la fidélité de nos collaborateurs et renforce la cohésion de nos équipes.
Comment abordez-vous l’année 2025 ?
Pascal : Pour nous 2025 a déjà commencé en 2024, avec le dernier trimestre. Cette année a été marquée non pas par un recul, mais par un ralentissement. En 2024, le secteur a dû affronter plusieurs défis : c’est pour moi la quatrième vague COVID. La fragilisation des acteurs industriels, ou encore les tensions d’approvisionnement chez Airbus, qui a produit 10 % de moins que prévu. Cela dit, malgré ces contraintes, Airbus a enregistré une croissance de 5 %, et nous, de 12 %.
Est-ce que ce ralentissement se poursuit ?
Pascal : Nous avons dû ralentir nos activités tout en maintenant nos investissements, ce qui a permis d’obtenir de bons résultats, mais nous aurions pu faire mieux. En 2025, nous visons une progression de 14 %, mais les données du premier semestre restent mitigées. L’année sera marquée par la nécessité de rester vigilant sur les cadences et les productions confiées. Il faudra redoubler d’efforts en management et, peut-être, reporter certains investissements pour préserver notre rentabilité nette. Rester performant quand ça ne va pas, c'est même là où on est le meilleur !
Voudriez-vous ajouter quelque chose ?
Pascal : Je voulais vous dire que quand j’ai vu que nous étions nommés, j’ai immédiatement pensé à l’un de mes directeurs, actuellement en lutte contre le cancer. C’est le patron de la qualité, un homme remarquable, qui reste un pilier de notre vigilance en matière de sécurité, notamment dans la construction des avions. Cette récompense, je la lui dédie. Il se reconnaîtra.